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Autre début de Casamassima

The Princess Casamassima a un second commencement (plus jamesien que le premier par son jeu de regards). Cette autre scène primordiale marque l’entrée de la princesse dans le roman ; quatre personnages y prennent part, compte non tenu de madame Grandoni, suivante de la Casamassima, dont  la situation "quelque peu ridicule" est celle "d’une confidente de tragédie à qui l’héroïne aurait cessé de se confier."

Hyacinth Robinson a invité au théâtre son amie d’enfance, Millicent Henning, forte et belle femme, employée dans un grand magasin, et qu’il fréquente en tout bien tout honneur (si tant est qu’on puisse décider de la chose dans un roman de James). Alors que le jeune homme est absorbé dans la contemplation du spectacle, Millicent attire son attention sur le regard insistant d’un gentleman dans la loge principale à gauche qui, dit-elle, le dévisage depuis une demi-heure.

“Watching me ! I like that!" said the young man. "When I want to be watched I take you with me."
  "Of course he has looked at me," Millicent answered, as if she had no interest in denying that. "But you're the one he wants to get hold of."
  "To get hold of!"
  "Yes, you ninny: don't hang back. He may make your fortune."

Hyacinth finit par reconnaître l’homme : il l’a croisé dans une réunion du club politique "radical" qu’il fréquente. Le capitaine Godfrey Sholto, tel est son nom, le salue de loin puis, maintenant que le contact est établi, se lève et les rejoint pendant l’entracte. Après quelques banalités, le capitaine signale qu’il est venu chercher Hyacinth à la demande des dames "du grand monde" qu’il accompagne : l’une d’elles (la princesse) désire faire la connaissance du jeune homme. Hyacinth est d’abord réticent mais finit par obtempérer ; le capitaine tiendra compagnie à Millicent pendant son absence.

(Ne dirait-on pas que tout au long du roman, Hyacinth reste, comme dans le premier chapitre, le petit garçon qui traîne dans les rues de Londres, qui s’y abandonne à ses distractions d’enfant solitaire, émerveillé par le spectacle, mais que l’on appelle, que les adultes envoient chercher ?)

Nous suivons alors Hyacinth dans la loge de la princesse. Rien ne nous est dit de la conversation de Sholto avec Millicent, pendant son absence. Dans la suite, on ne saura de leurs relations que ce qu’en voit notre héros, de loin en loin, par hasard, et les soupçons qu’il peut avoir malgré les démentis de Millicent. Cette liaison douteuse forme un contrepoint lointain à celle d’Hyacinth et de la princesse. Le quatuor ainsi institué est marqué par l’ambiguïté de la première rencontre, du premier regard. Qui Sholto a-t-il vu d’abord, Millicent ou bien Hyacinth ? Où est le prétexte, où est le vrai motif : l’intérêt de la princesse Casamassima pour le jeune artisan aux idées avancées, ou la stratégie amoureuse du capitaine qui s’intéresse à la belle employée ? (Ici le roman fait penser à une comédie d’ancien régime transposée, avec plus ou moins de bonheur, à l’âge de la lutte des classes et des attentats anarchistes ; il y a le monde des valets et le monde des maîtres, leurs échanges et leurs travestissements, et deux intrigues, l’une triviale et l’autre sublime).

 Dans le dernier chapitre, James retourne en quelque sorte cette scène originelle. Faisant malgré lui ses adieux au monde, le héros va surprendre Millicent dans le magasin où elle travaille. Mais il y découvre alors Sholto engagé avec la jeune femme, qui lui montre des articles de mode. Millicent est de dos et ne peut voir le nouveau venu. Après une minute, le capitaine remarque le regard d’Hyacinth.

But Sholto only looked at him very hard, for a few seconds, without telling her he was there; to enjoy that satisfaction he would wait till the interloper was gone. Hyacinth gazed back at him for the same length of time – what these two pairs of eyes said to each other requires perhaps no definite mention – and then turned away.

Sans transition, le paragraphe suivant reprend la deuxième partie de la scène au théâtre, mais renversée : la princesse vient chercher Hyacinth chez lui pour la première fois – trop tard.

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