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L'empereur absent

Extraordinaire récit des dernières années de Tibère par Tacite : l’empereur quitte Rome "pour ne plus y revenir". Il dirige l’empire depuis son repaire de Capri (île sans port).

Je suis porté à croire que cette solitude lui plut, parce que l'île, sans aucun port, offre à peine quelques lieux de refuge aux bâtiments légers, et qu'on ne peut y aborder sans être aperçu par les gardes.

Cependant, à certains moments, l’empereur quitte sa retraite et s’approche de la Ville, rôdant comme un charognard autour d’une proie, mais

(…) Tibère, loin de venir jamais au conseil public, ne vint pas même dans Rome. Tournant autour de sa patrie, presque toujours par des routes écartées, il semblait à la fois la chercher et la fuir.

Paradoxalement l’éloignement (plus ou moins grand) de l’empereur ne diminue pas sa puissance.  Il règne par lettres.  Il déjoue les complots, il prononce des jugements. Ses messages sont lus devant le sénat. Une mention indirecte peut marquer une condamnation à mort :

Le consulaire C. Galba et les deux Blaesus finirent volontairement leurs jours: Galba, sur une lettre sinistre où l'empereur lui défendait de se présenter au partage des provinces; les Blaesus, parce que des sacerdoces promis à chacun d'eux pendant la prospérité de leur maison, ajournés depuis ses malheurs, venaient enfin d'être donnés à d'autres comme des dignités vacantes. C'était un arrêt de mort; ils le comprirent et l'exécutèrent.

Ce singulier pouvoir à distance s’accorde avec la pratique du suicide par les Romains ; de même que le prince agit sans être présent, l’arrêt de mort, ici, est accompli avant d’avoir été proféré.

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