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Le nom oublié

Pison est convaincu de complot et accusé d’avoir empoisonné Germanicus. Il se donne la mort.

Le prince (Tibère) (…) ne voulut pas que le nom de Pison fût rayé des fastes, puisqu'on y maintenait celui de Marc-Antoine, qui avait fait la guerre à la patrie, celui de Julius Antonius, qui avait porté le déshonneur dans la maison d'Auguste. II sauva Marcus de l'ignominie, et lui laissa les biens paternels. J'ai déjà dit plusieurs fois que Tibère n'était point dominé par l'avarice; et la honte d'avoir absous Plancine le disposait à la clémence. Valerius Messalinus proposait de consacrer une statue d'or dans le temple de Mars Vengeur, Caecina Severus d'élever un autel à la Vengeance; César s'y opposa: "Ces monuments, disait-il, étaient faits pour des victoires étrangères; les malheurs domestiques devaient être couverts d'un voile de tristesse." Messalinus avait opiné aussi pour que Tibère, Augusta, Antonia, Drusus et Agrippine (1) reçussent des actions de grâces comme vengeurs de Germanicus. Il n'avait fait aucune mention de Claude (2), et L. Asprenas lui demanda publiquement si cette omission était volontaire: alors le nom de Claude fut ajouté au décret. Pour moi, plus je repasse dans mon esprit de faits anciens et modernes, plus un pouvoir inconnu me semble se jouer des mortels et de leurs destinées. Certes, le dernier homme que la renommée, son espérance, les respects publics, appelassent à l'empire, était celui que la fortune tenait caché pour en faire un prince.

(Tacite, Annales III, 18)

(1) respectivement l’empereur, sa mère, la mère, le beau-frère et la veuve de Germanicus.
(2) frère de Germanicus, qui sera empereur

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