Dans l'exposition Lovis Corinth au Musée d'Orsay.
(Comment concilier l'impression d'avoir affaire à un des plus grands peintres de son temps et le fait que j'ignorais jusqu'à son nom : la perception est-elle faussée ? faut-il incriminer l'histoire de l'art ? Quoi qu'il en soit, la série des autoportraits me paraît incontestable :)
Le Portrait de l'artiste avec sa femme en bacchants est digne du meilleur Hals : le peintre déguisé s'enroule dans un drap rouge et se coiffe de grappes de raisin brillantes et rondes comme les grelots du bouffon (ses yeux aussi sont ronds comme des billes, la bouche ouverte brille comme la coupe vidée qu'il désigne, les traits sont brouillés par les tressautements du rire).
Dans les derniers autoportraits (datant des années 1920), la touche se déchiquette et s'amincit à l'unisson des lumière, forme et couleur du visage vieillissant : la chair se retire et laisse à nu l'ossature (la figure semble tordue par la pommette qui ressort), la peau rétive à la lumière paraît fardée et le teint disparate, des touches de vermillon éclatent aux lobes des oreilles ou aux narines, l'oeil bleu trop clair des vieillards est marqué par une pointe vert émeraude.