A l'opéra Bastille.
Wozzeck rase le capitaine ; Wozzeck, dans les champs, voit le soleil se coucher ; Marie regarde passer la musique militaire : les premières scènes restent confuses, laissent une impression de trop plein et de cloisement. Chaque épisode surgit sans lien avec le précédent - la musique est abrupte, riche de contrastes, faisant un sort à chaque image, à chaque sentiment - symphonie (de Mahler) parcourue en quelques minutes : tour à tour violente et douce (car la musique, pitoyable aux pauvres gens, s'apaise souvent et rompt la brutalité du drame). La désorientation prend fin au moment où Wozzeck, tourmenté par le capitaine et le docteur, sinistres compères, comprend son malheur, laisse tomber son cageot et se met à courir. Les scènes se répètent (le monde tourne sur lui-même, dirait le capitaine) : la berceuse de Marie annonçait sa prière, le lac de la noyade devient rouge comme les champs au crépuscule, deux fois Wozzeck traverse le bal... mais désormais tout est entraîné, pris à la gorge, par le meurtre à venir (alors le décor unique se justifie parfaitement).