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La nuit de Londres

De cette chambre sur le square, je n'entends guère que le vent quand il est assez fort pour agiter les feuillages des arbres, et les sirènes sur la Tamise par temps de brume ; mais quelquefois, tard dans la nuit, je ne sais quel hasard acoustique fait qu'un bruit de pas dans une des rues longeant le grand carré de l'immeuble me parvient très distinctement : je pourrais compter ces pas sur le trottoir, deviner s'ils sont d'un homme ou d'une femme, évaluer la hâte, l'inquiétude, l'hésitation de cette personne inconnue... J'ai entendu cette nuit-là un pas qui n'était ni précipité, ni hésitant, un pas vraiment quelconque, dont je peux dire seulement que c'était celui d'un homme, et dont le bruit a décru de façon régulière, mesurée, comme si tout était prévu pour le que nombre des pas que j'entendais, du premier au dernier, soit le chiffre juste dans l'ensemble de la nuit à ce moment. Je n'avais pas compté, ce chiffre ne m'importait pas, ni à personne, - seulement à la nuit. J'ai laissé la nuit faire ses comptes (...)

(Henri Thomas - La Nuit de Londres).

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