C'est le printemps des "Îles Lofoten". La terre en désordre est encore moitié couverte de plaques de neige, selon les hasards du relief qui ne connaît ni plaines ni fortes pentes. Le reste est à découvert et montre les pelouses de l'an passé ou le sol dégelé et noir. A l'horizon l'archipel est fait de terres de toutes les tailles sans que nulle part n'apparaisse la pleine mer. Dans ce paysage de nature, une usine immense se dresse seule au bord de l'eau, surmontée de deux tours cheminées bleuies par l'éloignement. Un peuple, comme des touristes jamais en repos, parcourt les routes tout en montées et en descentes. Ils débarquent de véhicules divers, rembarquent. Ils s'avancent sur les chemins qui vont au rivage. Une jetée en bois rejoint comme un rayon le centre d'un cratère que remplit un lac sombre. Ils se croisent sans s'arrêter ni dévier. Ils ne se regroupent pas, ils ne se suivent pas. Comme eux, les saisons, les époques. C'est un jardin d'enfance, une poignée de groseilles. Une bouche happe les fruits, que la langue presse et fait éclater. Ne reste de la grappe, dans la main, que l'armature solide et légère.
Commentaires
C'esr le printemps des "îles Lofoten" dites vous .
Je suis intrigué
Pour moi , quand j'entends "Lofoten" , je revois l'arrivée à Svolvaer par l'Express-côtier , il y a bien longtemps .
Et "Lofoten" est inséparable du poème de O.V de L.Milosz :
"Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur de cercueils pauvres de Lofoten "
(Juliette l'a mis en musique il y a quelque temps )
Pourquoi les Lofoten ? un endroit, certes, extraordinaire... mais ça n'y ressemblait pas beaucoup (plutôt l'Ecosse ou l'Islande) dans mon rêve... (souvenir de Milosz ? peut-être, je ne sais pas ; je préfère d'autres poèmes de lui)