Au cinéma, Pushover de Richard Quine.
Le bâtiment (lieu principal de l'intrigue) a la forme d'un U (le plan apparaît quelquefois, punaisé au mur). C'est donc depuis un appartement situé dans le même immeuble, au même étage, que les policiers épient les fenêtres de la femme qu'ils surveillent. Les guetteurs et l'appât risquent à tout moment de se croiser dans les couloirs ou l'ascenseur (ce qui, soit dit en passant, rend passablement absurde le fait qu'on demande au même policier de surveiller et de séduire la dame). Les dernières nuits tout se resserre autour de ce dispositif (la planque, l'appartement d'en face, celui de la voisine, les couloirs, les escaliers de service, la terrasse de l'immeuble, les voitures garées en bas), à l'exception de quelques plages presque vides de filature quand la femme s'absente et roule longuement dans la ville (Kim Novak comme dans Vertigo ?). Le héros malheureux (le policier qui trahit) a beau connaître toutes les cases, il ne réussit pas à sortir du piège décrit : victime de faibles décalages, pris à l'endroit où il ne devait pas être, absent quand il fallait être là, vu quand il se voulait invisible. L'accumulation des hasards le condamnent progressivement, irrémédiablement à mourir : abattu en pleine rue ("comme un chien") sous le regard de la femme qu'il aime, qui ne dit mot.