Le gouverneur Riccardo est menacé par un complot ; il est par ailleurs amoureux d'Amelia, épouse de son conseiller et ami Renato. Je n'ai pas vraiment compris quelle utilité pouvait avoir la conspiration dans le livret. Les intrigues privées s'avèrent bien plus efficaces pour éliminer Riccardo (l'Histoire ici n'est que le faux nez de règlements de compte personnels). Renato finit par tuer Riccardo parce qu'il le soupçonne d'avoir couché avec sa femme. Il fait tout de même appel aux conspirateurs ; pourquoi ? (ceux-ci, toujours en embuscade prudente au fond de la scène, trouvent leur principal emploi en chantant pour Renato, à la fin du deuxième acte, cocu ! cocu !)
La scène de voyance et de sorcellerie, au premier acte, paraîtrait également bien superflue si elle ne permettait à Riccardo de faire le malin alors qu'on lui prédit la mort : un petit air guilleret au sein d'un choeur d'effroi.
Riccardo, Renato, Amelia (ténor, baryton, soprano) : l'action se joue donc entre ces trois personnages, ponctuée d'ensembles tonitruants, de roulements de timbale et de sonneries de trombone. Dans un beau duo d'amour, la soprano résiste au ténor avant de s'affaler selon la grande effusion des violoncelles (elle avoue qu'elle aime mais elle ne cède pas). Le baryton se désespère dans un terrible monologue que vient éclairer le souvenir des instants heureux. Enfin le ténor meurt alternant des pardons emphatiques et des visions célestes (où les violons figurent sans doute la lumière divine).