Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

The rape of Lucretia

L’opéra de Britten au théâtre de l’Athénée.

Il est, tout compte fait, peu question d’histoire romaine dans la pièce. Le roi étrusque Tarquin et les généraux romains sont frères d’arme. Les références à l’expulsion des étrusques de Rome se concentrent dans un chœur intempestif au début de la seconde partie.

La première résume les enjeux en deux scènes : les hommes sont à l’armée ; ils boivent et se chamaillent à propos de cocufiage et de putains (la femme de Collatinus est chaste, c’est Lucrèce ; la femme de Junius ne l’est pas ; Tarquin n’a que des putains). 

Pendant ce temps, à Rome (qui n’est pas si loin du camp de l’armée que quelques moments de chevauchée ne permettent de la rejoindre), Lucrèce et ses servantes roulent des bandes et plient le linge ; elles chantent bellement l’attente et l’amour fidèle. Surgit alors Tarquin qui demande à dormir là : Good night ! reprennent pour finir, l’un après l’autre, les femmes et Tarquin, avec une solennité et une lenteur qui « présagent sans doute une suite mauvaise à ces instants sereins. »

Une même nuit entoure ces deux tableaux, elle est décrite par un chœur : ce sont un homme et une femme hors de l’action et hors de son temps. Leur commentaire est (bizarrement) chrétien, déplorant de loin en loin, à deux voix, l’immoralité de ce que l’on voit. Cela n’empêche pas la voix masculine de peindre avec exaltation le désir de Tarquin ; ce sont deux passages superbes :
- la chevauchée de Tarquin entre le camp et Rome, et la traversée du Tibre dont les eaux glacées (un motif aux cordes) s’échauffent au contact du nageur
- au début de la deuxième partie, avec accompagnement de percussions, le parcours de Tarquin dans la maison nocturne vers la chambre de Lucrèce et les brefs moments qui précédent le réveil brutal de l’épouse alors qu’elle rêve aux baisers de Collatinus.

Le lendemain, sous un beau soleil, Lucrèce outragée se donne la mort après un monologue et une musique qui se veulent sublimes (peut-être le sont-ils, un peu plus de raffinement de la part du petit orchestre n’aurait pas été de trop.)

Les commentaires sont fermés.