Parmi les collections du Musée des Beaux-arts de Lille, l'Amateur retient justement le tableau de Courbet : l'Après-dîner à Ornans. L'heure n'a rien de spectaculaire : c'est la fin d'un repas familier entre amis. Sur la table, on devine, malgré l'obscurcissement, des verres vides, des bouteilles, peut-être du pain et des fruits. La conversation s'est tue ; les chaises ont été un peu reculées ; un des convives est allé s'asseoir à peine plus loin ; chacun s'abandonne à sa pente. Le plus vieux pique du nez (un chien dort sous une chaise). Un autre, qui nous tourne le dos, allume sa pipe avec un brandon pris dans la cheminée. Un troisième joue du violon : ressortant dans le demi-jour, son visage et ses mains attentifs se rejoignent autour de l'instrument. Un quatrième l'écoute (du moins son regard le laisse croire) rêveusement, accoudé, le poing sur la joue. Nulle révélation dans ce Repas à Emmaüs profane, aucune présence miraculeuse que celle de la peinture qui tient ensemble le petit groupe avant qu'il se sépare, dans la réunion sans paroles avec la musique, l'ombre et la rêverie. Le peintre, invisible, s'y inclut en la représentant ; c'est peut-être son verre qui a laissé une trace sur la nappe.
Commentaires
Et ton avis sur Philippe de Champa(i)gne ?
Je répondrai bientôt, promis, mais il faut d'abord que je lise au moins quatre livres !
> P[s] : Champaigne a commis quelques chefs-d'oeuvre (le Richelieu, le Louis XIII, l'Ex-voto, la Cène... qui sont au Louvre) ; ses portraits sont exacts et splendides (les visages, les mains) ; ses blancs, ses gris sont superbes (la robe de la Victoire dans le portrait de Louis XIII, le linge de la Cène...). Tout est de très grande qualité à l'exception de certaines peintures religieuses que j'aime moins, tape-à l'oeil avec leurs christs athlétiques et gras, leurs robes trop roses et trop bleues...
> A : pas besoin de lire, il ne s'agit que de donner des titres et de citer des noms