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Holbein

Exposition Holbein à la Tate Gallery.

Les objets, les étoffes, les mains, les visages sont rendus avec la même méticulosité. Les traits du visage, les rides, les commissures, sont tracés avec une précision extraordinaire ; des variations imperceptibles de la couleur et de l'ombre font voir la saillie des pommettes, le creux des joues, le relief des tempes (certains dessins utilisent un papier couleur chair ; en les scrutant de près, on finit par ne plus savoir ce qu'il faut attribuer aux altérations du papier ou au visage du modèle). Des distorsions néanmoins (un œil forci, une tête ou des mains hors de proportion) peuvent fausser le réalisme.

Les figures marquent peu d'animation. Quelquefois la pose s'affadit par élégance ; quelquefois elle se fige pompeusement ; la vie manque. Certains (comme le femmes de la famille de Thomas More) semblent en proie à une tristesse réprimée, à un désarroi muet. Concentration, ennui, contentement de soi, colère rentrée. Seule Christine de Danemark ose un sourire ; c'est un des portraits de femme commandés par Henri VIII alors qu'il se cherche une épouse. Dans la retenue générale, le manteau fourré et la robe noire de la jeune veuve forment un ensemble somptueux avec sa juxtaposition et sa superposition de noirs brillants ou mats, lisses ou grumeleux. Faussement modestes également : ses yeux, sa bouche, ses mains à demi croisées ; le ballet compliqué des doigts va-t-il s'arranger en une posture obscène ?

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