A l'opéra Bastille.
J'ai tout de même réussi à me procurer un billet pour le Nez.
Je n'ai pas aimé le spectacle qui vu de ma place (lointaine et perpendiculaire) paraissait laid et confus (ce qui n'est en rien une nécessité même quand il s'agit de donner le spectacle de la confusion et de la laideur). En revanche, s'il est permis d'en juger après une première écoute, la musique de Chostakovitch est la bonne pour cette histoire où l'humain se désintègre : un homme et son nez décollé coexistent dans une société qui est un répertoire vide de formules, de fonctions, de titres et d'intérêts. Musique grotesque et grise (marches creuses, cordes détimbrées, percussions sèches, chœurs faux) avec un rire qui n'est que le masque du rien. Sans le désespoir ou l'ironie amère d'autres œuvres du compositeur (ici on n'a même pas la consolation d'être malheureux ou moqueur, on ne se possède pas soi-même). Pas d'histoire mais une suite d'affolements et d'effondrements. Une fausse boucle (le nez perdu, le nez retrouvé) mais un commencement et une fin abrupts, sans progrès, sans morale.