Deux images du Poète et l'époque présente de Hofmannsthal (Poésie / Gallimard - trad. Albert Kohn) :
Le maître au retour d'une très longue absence se voit imposer l'épreuve d'entrer chez lui comme un mendiant et d'habiter sa propre maison sous l'escalier, sans être reconnu. Il entend sa famille le pleurer, qui le croit mort ; dans le même temps, il est maltraité, repoussé, ignoré. Mais il possède tout cela comme jamais maître ne possède sa maison - car possède-t-il les ténèbres qui reposent la nuit sur l'escalier, l'insolence du cuisinier, la morgue de l'écuyer, les soupirs de la servante la plus basse ?
Un homme endormi se réveille à moitié en pleine nuit. Il porte alors sur lui-même un terrible regard d'acier, un regard plein de tourments. Comment survivre à ce regard ? Cela paraît impossible, même le matin ne pourra pas l'en délivrer. Et pourtant l'homme se rendort et l'oubli le sauve ; à ce regard personne, ni aujourd'hui, ni ultérieurement ne devra de réponse.