L'autre jour, au Louvre, d'abord pour la prédelle du Mantegna qu'on ne voit (et qu'on ne verrait) pas dans le retable de San Zeno de Vérone. Mais fuyant la Grande Galerie, je me retrouve comme souvent dans les salles Corot de la Cour Carrée. Calme et unité : parce que l'étage est relativement peu fréquenté, parce que le nombre de toiles suffit à remplir plusieurs salles avec les œuvres d'un seul peintre.
Je m'arrête toujours devant le Pont de Narni : Corot peint non pas une vue mais un regard (les premiers plans sont flous), fixé peut-être au niveau des arches presque toutes manquantes du pont écroulé. (L'arche révèle en l'isolant ce qu'elle cache en partie ; mieux encore quand elle a disparu). La lumière parle de la transparence de l'air le matin. L'ocre des rives et l'azur passent dans le fleuve, sable et ciel mêlés avec le reflet. La pile du pont met dans l'eau une ombre bleue comme le lait et comme les montagnes bleues à l'horizon.