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Les derniers mots de Gunnar

Puisque j'en ai l'occasion, je renvoie aux sagas islandaises où l'intrication de la vengeance personnelle et de la Loi collective est portée à la perfection. Ce n'est pas Ransom Stoddard mais le sage Njall qui dit dans la saga qui porte son nom : c'est par les lois qu'on édifiera notre pays, mais c'est par l'illégalité qu'on le détruira.

La vengeance se développe selon sa fatalité : gradation des offenses ; extension à la famille et au clan. La collectivité brise la chaîne des représailles par l'autorité d'une loi qui n'est le fait d'aucun état, d'aucune police, d'aucune armée.

Dans ce monde, la valeur suprême c'est la bonne renommée. D'où la juste célébrité des dernières paroles de Gunnar de Hlidarendi dans la Saga de Njall. Les ennemis ont investi la ferme où il est retranché avec sa femme Hallgerdr et sa mère Rannveig ; Gunnar se défend vaillamment mais ses armes viennent d'être endommagées ; il s'adresse à sa femme (trad. R Boyer) :

« Donne-moi deux mèches de tes cheveux, et tressez-les, toi et ma mère, pour en faire une corde pour mon arc. – Cela est-il important pour toi ? » dit-elle. « Il y va de ma vie, car ils ne m'auront pas tant que je pourrai me servir de mon arc. – Alors je vais te rappeler la gifle que tu m’as donnée et cela m’est bien égal que tu te défendes plus ou moins longtemps. – Chacun sa façon d’acquérir la renommée, dit Gunnar, et je ne te le redemanderai pas. » 

Rannveig dit : « c’est mal te conduire, et ta honte vivra longtemps. »

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