Au cinéma, ces derniers jours. Quelques films en avance ou en retard.
1/ La Porte du paradis de Michael Cimino.
C'est la première fois que je vois ce film, qui est censé raconter une histoire du Wyoming avant 1900 - mais pour moi, c'est au siècle dernier, la fin des années 70, du bon côté de mon enfance : les cheveux d'Ella ! la tarte sous le torchon ! le violoniste ! les patins à roulettes !
Il s'agit de la version longue ; le montage est généreux comme les souvenirs de ce temps-là. (Sinon pour moi le film souffre du syndrome de Pasternak dans Docteur Jivago.)
2/ Voici venu le temps d'Alain Guiraudie
Ça commence comme un jeu de rôles altermondialiste, enfantin et provincial : les guerriers, les bandits, les propriétaires oppresseurs, les bergers opprimés. La carte du pays est imaginaire, les noms inventés et sonores, mais justes. On crapahute dans les collines vers la montagne pourpre. On discute autour de boissons locales. On parle d'agriculture, de luttes de libération, d'histoires d'amour sans a priori mais non sans complications. Puis ça se gâte. Ça finit par l'irruption de la violence (voici le temps des Assassins ?), la mort (la Liebestod du vieil artiste), et la mélancolie des appartenances.
3/ The World, de Jia Zhang-Ke.
Ce n'est pas la Chine qui menace le monde, c'est le monde qui envahit la Chine. Même pas l'original, la copie. Depuis le film précédent (le très bien Unknown Pleasures), les personnages ont vieilli, il faut bosser et ce n'est pas la joie. Le parc d'attractions où ils travaillent (les maquettes des monuments célèbres du monde) est une dérision de leur voyage impossible (pas de visa), une dérision de leurs histoires (imaginez Anita Ekberg se baignant dans une réduction au tiers de la Fontaine de Trevi.)