« Mais ces frayeurs ne s'arrêtent pas là, j'en ai bien d'autres. Par exemple, j'ai la phobie des arcs — les arcs de triomphe, bien sûr, mais surtout certaines arches anciennes que l'on rencontre dans les rues des vieux quartiers. Ce ne sont pas, d'ailleurs, à proprement parler les arches, mais l'espace aérien qu'elles déterminent... J'ai le souvenir d'avoir éprouvé une étrange terreur en découvrant, au bout d'une rue déserte de je ne sais quelle capitale, une petite voûte, ou plutôt un porche donnant sur l'infini. C'était une rue montante qui, par delà le monument commençait indubitablement à descendre. Aussi, du bas de la rue, la vue de cette arche débouchait en plein horizon. Je dois avouer que je restai quelques minutes pétrifié par ce phénomène. »
(Mário de Sá-Carneiro, La Confession de Lúcio, trad. D. Touati)