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  • Lohengrin

    Lohengrin, à Milan.

    (Je ne me souvenais guère qu'il y avait tant de fanfares et de marches dans Lohengrin : ça corne, ça processionne et, plusieurs fois, l'espace resserré du théâtre vibre sous le boutoir de l'orchestre...

    Ainsi les trompettes vont et viennent dans le décor et grimpent même, au troisième acte, à droite et à gauche dans la salle pour sonner plus haut ; elles exposent alors le plus grand contraste entre l'héroïsme qu'elles clament et la vérité du dénouement : le chevalier ne s'en va pas t-en guerre et divorce d'avec la princesse. Le roi Henri, dont elles forment ici à peu près tout l'appareil (pas d'étendards, pas de cortège), ne triomphe pas : il se tient alors dans les marges d'un plateau envahi par la psyché d'Elsa, avec le décor de marécage, roseaux et étangs, où la jeune femme autrefois a perdu son frère.

    La ferblanterie musicale, héroïque et moyenâgeuse, ne constitue effectivement qu'une écorce criarde et le coeur de l'opéra s'avère d'un matériau tout autre, fait d'événements intérieurs et de hantises étouffées. Il faut entendre affleurer cette substance obscure dans l'extraordinaire nocturne qui ouvre le deuxième acte. Le metteur en scène a choisi d'y faire paraître Lohengrin, qui est donc présent aux débuts du conciliabule d'Ortrud et de Telramund. Le héros aux pieds nus tressaille et semble avoir peur des cuivres qui jouent en coulisse ; il s'approche jusqu'à presque les toucher du couple mauvais mais ne peut les rejoindre pas plus qu'il ne peut entendre le secret qui sonne à l'orchestre. Son apparition à l'acte précédent est le contraire d'une entrée de théâtre : tremblant, recroquevillé sur le sol ; il chante pour lui-même d'une voix absolument bouleversante Nun sei bedankt, mein lieber Schwan. 

    Par divers artifices, la figure de Lohengrin se confond jusqu'au malaise avec l'apparition du frère disparu d'Elsa. Le héros est un enfant, il joue avec sa fiancée comme avec une soeur. C'est elle l'aînée, elle est la plus grande et a la voix la plus puissante. Dans les ensembles et les scènes de foule, sa présence est la plus forte, quand bien même elle vacille. Elle est la grande instigatrice du drame jusqu'au point où on doute que Lohengrin ne soit qu'un fantôme né de son imagination. Sur leur relation, la question interdite, le nom secret, pèse jusqu'à la rupture comme la prohibition de l'inceste.)

  • Alarme

    Une alarme dans la nuit. Elle se répète, versatile, adverse aux trente-deux quarts de l'horizon. Elle est faite de toutes les ambulances ou de toutes les gendarmeries du monde, qu'on a compilées pour immobile ouvrir un chemin ou désarmé repousser une attaque. Puis l'aube vient. Un oiseau imite la sirène, qui a cessé, et son cri va s'adjoindre au chant général.