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Un portrait

Nous retournâmes enfin le 5 de Novembre à Berlin. La duchesse de Saxe-Meinungen, ma grande tante, fille de l'électeur Frédéric-Guillaume y arriva deux jours après nous. Cette princesse étoit veuve de son troisième mari, ayant épousé en premières noces le duc de Courlande, et s'étant remariée après sa mort au Margrave Christian Ernest de Bareith. Elle avait trouvé moyen de ruiner totalement les pays de ces deux princes. On dit qu'elle avait fort aimé à plaire dans sa jeunesse ; il y paraissait encore par ses manières affectées. Elle aurait été excellente actrice pour jouer les rôles de caractère. Sa physionomie rubiconde et sa taille d'une grosseur si monstrueuse qu'elle avait peine à marcher lui donnaient l'air d'un Bacchus femelle. Elle prenait soin d'exposer à la vue deux grosses tétasses flasques et ridées qu'elle fouettait continuellement avec ses mains pour y attirer l'attention. Quoiqu'elle eût soixante ans passés, elle était requinquée comme une jeune personne ; coiffée en cheveux marronnés tout remplis de pompons couleur de rose, qui faisaient la nuance claire de son visage, et si couverte de pierres de couleur qu'on l'eut prise pour l'arc-en-ciel.

(Mémoires de Wilhelmine, Margrave de Bayreuth)

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