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Capriccio

Capriccio, à l'opéra Garnier.

(Comment donc finit Capriccio ? Sur le plan de l'allégorie, le dénouement est heureux : la comtesse n'a pas à choisir entre le musicien et le poète, entre les notes et les vers ; elle n'a eu qu'à ouvrir la bouche pour accomplir l'union réussie de la musique et des mots. Seule sur scène, elle chante le beau et fameux monologue conclusif et, dans sa performation, le débat est clos. Le librettiste, le compositeur et l'interprète vivent ensemble et contents. Un aimable ménage à trois s'est arrangé : en voici la célébration et l'enfantement. Malgré la pirouette finale, l'opéra est achevé : effectivement il s'achève. Mais sur le plan de l'intrigue, cela ne va pas si bien ; dans l'univers où Madeleine est amoureuse, souffre et hésite, rien n'est tranché. Il fait nuit, le salon est vide, l'avenir est escamoté. Il ne sera jamais onze heures le lendemain matin, la comtesse n'aura ni Flamand ni Olivier. Tout le monde est parti pour Paris. On entend une dernière fois le gong sinistre interpolé dans le sonnet de Ronsard : la Mort ! Impératrice sans ombre, Ariadne sans Bacchus, Salomé sans la tête de Iokanaan, Arabella sans Mandryka, Maréchale célibataire, la comtesse va-t-elle rester pour toujours à l'état de symbole, dans le suspens qu'il impose ? Alors, avant que le rideau ne se baisse, on voit la chanteuse s'enfuir vers les coulisses, se dépouillant de son costume et de son personnage, tentant d'échapper à la pétrification du signe.)

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