Me rendormant, je songe qu’il faudrait, à partir d’exemples choisis dans les beaux-arts et la littérature, établir une Anthologie du sommeil facile ; mais je ne peux y réfléchir bien longtemps car la pente est rapide, l’ensevelissement ne me laisse que le temps de remémorer deux sujets de peinture et douter qu’ils remplissent les conditions (quelles sont-elles ?) : l’un, Pierre, Jacques et Jean enveloppés de leurs manteaux et dont les corps paraissent allongés selon le creux d’une barque encalminée dans l’ombre ; et l’autre, les soldats rustauds et sourds au pied du tombeau, que l’assoupissement a culbutés par terre au milieu de leur armes.