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Schubert

Le Voyage d'hiver, salle Pleyel.

(D’où vient le vagabond ? De la ville, de la maison de sa bien-aimée, du lieu de son amour perdu. Où va-t-il ? Nulle part : il s’éloigne ; la destination manque ou n’est que l’envers de l’origine, dont le fantôme danse dans l’air, comme le feu follet qui perd le poète ou le corbeau qui l’accompagne. Le ruisseau retourne à la ville, le postillon en vient. Les directions sont marquées. Mais le marcheur est sans itinéraire, il n’y a pas de route pour lui, son errance passe en dehors des chemins. Sans point d’arrivée, le voyage n’a pas de fin inscrite dans le temps, il se terminera avec le voyageur : là-bas la mort rôde, c’est le vielleur qui tourne la roue de son instrument. L’hiver n’appartient plus au cycle de l’année ; le cercle a été brisé comme celui que l’amoureux grave dans la glace. Ce temps est une défection, c’est la saison du passé révolu : le gel ou la neige couvrent le souvenir d’une pellicule infranchissable. L’herbe et les eaux vives se devinent au travers.  Mais la transparence n’est qu’une illusion, elle procède du rêve ou de la folie et le froid est irréversible. Cette saison et ce pays de l’absence sont tels que le voyageur les chante ; sa colère y souffle, le givre est son amertume, l’espace sa nostalgie. Sa voix hante l’allégorie, la fait vivre de sa présence insigne et meurt avec elle.)

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