La Résurrection, de Giovanni Bellini, à la Gemäldegalerie de Berlin.
(La clarté règne dans le ciel mais la terre est encore dans l'ombre, et l'univers paraît disjoint. Dans les lointains l'aube déborde les collines, où la nuit reste assise, sans les toucher : l'horizon n'est pas une ligne mais un espace ouvert entre deux mondes qui ne sont pas à la même heure. A l'extrémité opposée, au premier plan, un autre écart s'instaure entre le sol et la nue ; la Résurrection est redoublée par la prouesse d'une Ascension si bien que le Christ relevé baigne tout entier dans l'air que signale le fond de nuages roses et de couleurs célestes. Sa main bénissante se lève dans l'azur et le linceul s'arrange en volute blanche. Mais ici, en contrebas, à l'aplomb de ce corps, la lumière a atteint la terre : elle détaille merveilleusement chaque caillou devant l'ouverture béante de la tombe, elle éveille les hommes endormis ou qui approchent le long des chemins et lèvent les yeux.)