Dans l'exposition Fra Angelico du musée Jacquemart-André.
(Je retrouve une vieille connaissance : le Couronnement de la Vierge des Offices. On ne se laissera pas éblouir par la suavité des couleurs ou par la naïveté du fond d’or où les rayons gravés dessinent un ostensoir. Mais y a-t-il plus bel aperçu du paradis que l'aire céleste évidée par les anges dans leur danse autour de la Mère et du Fils ? La ronde fragmentaire trace deux arabesques qui ne seraient que décoratives si elles n’étaient intimement liées à l’espace réel qu’elles définissent (hors d'eux cet espace est de pure lumière), où s’arrangent les figures tangibles, les bras et les mains ployés et le balaiement des robes. Ces êtres ne sont pas des abstractions : ailleurs dans l’exposition, on comprend que ce sont les frères idéalement éveillés d’autres corps accablés par le sommeil, encore sourds à la grâce : le pauvre homme des miracles de saint Nicolas, les apôtres endormis de l’Agonie au jardin des Oliviers.)