Saint Jérôme entre dans la cour du monastère (qui tient le milieu entre un campo vénitien et l'orée d'une savane). Le lion qui le suit provoque la panique de l'assemblée ; le signe plutôt que l'apparence de la fuite est donné par la répétition des figures de moines à travers l'espace : identiques, raides, penchés, faisant quasi toujours le même angle avec la verticale, étrangement figés malgré l'envol des grandes robes. Ils vont se percher tout au fond sur les balcons, les perrons, les seuils du grand bâtiment qui ferme le champs. (Ils font penser à ces oiseaux débandés, volant le soir au-dessus des places d'une ville ; la patine ou l'éclairage de la Scuola donne aux teintes un aspect crépusculaire que la peinture n'a peut-être pas par elle-même.) Mais ces perrons, ces balcons, ces escaliers collés contre la dernière façade semblent à peine servir aux figures presque abstraites et sans poids qui y sont réfugiées ; non, ils ne sont là, parce que situés un peu en avant, que pour apposer leurs minces ombres dans le rose merveilleux du mur et varier, et comme toucher du doigt, sa substance précieuse.
Commentaires
Ce n'est pas la première fois que la lecture d'un billet de votre blog provoque chez moi le besoin de compléter , de retourner à des sources ….
Ainsi , pour "Saint Jérôme et le miracle du Lion " , j'ai consulté mon exemplaire de "Carpaccio" , étude biographique et critique par Terisio Pignatti ,, dans la collection "Le goût de notre temps " chez Skira (1958 ) .
Je n' ai pas été déçu : j' y ai trouvé tout un chapitre sur "La Scuola degli Schiavoni "
avec des commentaires éclairants sur "Saint Jérôme dans sa cellule" , sur le tableau que vous évoquez et sur "Mort de Saint Jérôme" …
Merci
Je viens de découvrir que "SAINT JÉRÔME DANS SA CELLULE" , depuis 1959, est
appelé "La VISION DE SAINT AUGUSTIN" !
Article en format PDF sur le site:
http://rhr.revues.org/4183