Jephté a fait le voeu, s'il obtenait la victoire, de donner à Dieu ou bien d'offrir en sacrifice cela ou celui-là qui en premier, à son retour de la bataille, paraîtrait devant lui : bien évidemment (la promesse et la circonstance se confondent, l'une est l'avers de l'autre), le moment venu, c'est son unique fille qui l'accueille. O douleur ! La mère et l'amant se révoltent, le père se désole. Mais la fille ne se dérobe pas :
Mon père, commandez : vous serez obéi
L'action pourrait s'arrêter là, à cette fin de l'acte 2, et la suite, qui voit la promesse dénouée et la jeune fille sauvée, ne semble qu'une fausse solution, une rémission mensongère.
Alors Jephté, accablé, accepte le sacrifice dans un long récitatif où les mots finissent par manquer : I can no more. Le choeur prend la parole How dark, O Lord, are Thy decrees et termine son triste commentaire en reportant à la maxime "Whatever is, is right." La phrase, répétée, commence par le désarroi du "Whatever is" jeté aux ténèbres ; à quoi répond l'assurance du bref "is right". Mais la certitude a quelque chose de sinistre et sa solidité le poids d'un coup porté à la nuque.