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Jean Fouquet

Visite du Musée Condé à Chantilly. J’avais oublié combien les enluminures de Jean Fouquet pour le livre d’heures d’Etienne Chevalier étaient extraordinaires. C’est d’abord la surprise de trouver les dernières innovations italiennes acclimatées en plein quinzième siècle français : on pense aux tableaux de Fra Angelico et particulièrement aux petites scènes de ses prédelles. Les décors renaissance et les costumes antiques des apôtres doivent venir d’Italie ; ils sont mêlés avec des architectures gothiques et des armements ou des habits du même monde (Les aiguillettes nouées ou dénouées, les grandes coiffes rondes des servantes). Je ne sais pas à quelle tradition appartiennent les motifs particuliers de la Trinité (représentée sous la forme de trois personnages identiques) ou du théâtre à l’arrière-plan du martyre de Sainte Apolline.

Perspective centrale (le plus souvent), inscription cohérente des personnages avec leurs relations et leurs mouvements dans les trois dimensions de l’espace, représentation des volumes et des gestes : les découvertes de la Renaissance italienne sont mises en œuvre avec la plus grande maîtrise. Les arrangements sont complexes ; les figures apparaissent de dos, de trois-quarts ou de profil ; des volumes autonomes sont imbriqués l’un dans l’autre.
Dans la Cène, les convives sont assis en rond dans l’angle d’une pièce. Dans le Christ devant Pilate, il y a un espace situé en avant et en dessous de la scène principale où on voit les deux larrons sortir de leur geôle. Dans le Martyre de Saint Jacques, le geste du bourreau qui va brandir et faire tourner l’épée est déjà inscrit dans le déploiement de son corps. Dans une autre scène, l’attitude de Saint Etienne est magnifiquement soulignée par  les deux lignes verticales de la dalmatique qui se brisent selon son agenouillement.

Enfin l’art de Fouquet ne s’arrête pas à cette assimilation : il y a encore dans ces miniatures d’admirables portraits (Etienne Chevalier, le roi Charles VII),  un traitement particulier de la lumière (le crépuscule de la Descente de croix, le nocturne de l’Arrestation du Christ) ou l’inscription réussie des figures dans un arrière-plan de paysages, qui souvent reproduit des sites et des monuments réels, notamment parisiens.

Commentaires

  • Merci . Je découvre grâce à votre billet ce Livre d'Heures de Jean Fouquet . Pour mieux suivre , j'ai trouvé cette adresse :

    http://reproductions.chapitre.com/repro/FOUQUET-JEAN/LE-LIVRE-D-HEURES-D-ETIENNE-CHEVALIER.html
    qui permet d'avoir une idée de 42 enluminures ...

  • Merci! quelle découverte....

    La Trinité à trois personnages identiques, on retrouve ça chez les orthodoxes et cela fait référence chez eux à l'épisode dit de l'hospitalité d'Abraham (Genèse, chapitre 18)

  • >A. : surtout
    http://expositions.bnf.fr/fouquet/index.htm
    une exposition de la BNF en 2003 que je regrette bien d'avoir manquée.

    > Z. : j'ajoute le lien
    http://zvezdoliki.net/blog/2008/09/02/1125-un-peu-de-peinture-russe-2-3-l-icne-des-icnes

  • Merci pour le lien .
    Je suis admiratif devant la richesse de la documentation fournie ;

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