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Bleston

La ville de Bleston est le lieu unique et la figure centrale de l'Emploi du temps : présence hostile et étouffante, c'est l'ennemie que Jacques Revel s'emploie à combattre par son récit. Bleston est, paraît-il, inspirée de Manchester. Inévitablement reviennent à l'esprit les pages impressionnantes, où Sebald (ou son narrateur) décrit la ville telle qu'il la découvre, peu après, en 1966 : la cité apparaît vide et à moitié effondrée, comme le vestige d'une ère engloutie, la capitale ruinée de la révolution industrielle anglaise.

A Moss Side et Hulme, il y avait des rues entières où les fenêtres et les portes étaient condamnées, des quartiers complètement rasés, si bien qu'au-delà des friches ainsi créées, on pouvait apercevoir, éloignée encore d'un mile environ, la ville merveilleuse du siècle dernier, principalement composée de gigantesques immeubles victoriens abritant bureaux et entrepôts, toujours extraordinairement imposante d'aspect, mais en réalité presque totalement vidée de sa substance. (...)
Au cours de ces errances, durant les rares heures de jour véritable où la lumière d'hiver baignait les rues et les places désertées, j'étais toujours ébranlé par l'impudeur avec laquelle la ville couleur anthracite, d'où était parti le programme d'industrialisation qui devait gagner le monde entier, exhibait aux yeux du promeneur les stigmates d'une déchéance et d'un appauvrissement devenu chroniques.
("Max Ferber", Les Emigrants, trad. Charbonneau).

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