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L'Emploi du temps

L'Emploi du temps, de Butor. Dans les premières pages de son récit, Jacques Revel rappelle combien, à son arrivée à Bleston (après l'occasion manquée de la première nuit, où un changement d'horaire fait rater le rendez-vous prévu), il a été sensible à l'accueil d'un collègue, James Jenkins. Jenkins a manifestement été chargé par la direction de "Matthews & Sons" d'assister le jeune français. Il l'aide dans son installation, il lui explique les tâches administratives qui constitueront le travail obscur de cette année passée en Angleterre. Mais, au-delà de sa mission, il est pour Revel, à ce début, le seul visage bienveillant dans une ville rébarbative, indifférente et ressentie comme hostile.

La figure favorable fait penser à Barnabé, le personnage du messager, dans le Château. A sa première apparition, dans le deuxième chapitre du roman de Kafka, K. voit Barnabé ainsi : l'homme avait un visage lumineux et ouvert, ses yeux étaient extrêmement grands. Son sourire avait quelque chose d'extraordinairement encourageant ; il se passa la main sur le visage comme s'il voulait chasser ce sourire, mais il n'y parvint pas (trad. Lortholary). Et l'image de celui-là se surimpose à la physionomie du premier. Barnabé est lié par sa famille au Château ; de même Jenkins est associé aux secrets de Bleston par sa mère dont le portrait hante les sculptures de la nouvelle Cathédrale.

D'ailleurs, par bien des côtés, à son commencement, l'Emploi du temps semble emprunter au Château : un étranger arrive dans une ville inhospitalière, une opposition incertaine pèse sur lui, l'espace se joue de lui ; de même que K., incapable d'atteindre le château, échoue d'une certaine façon dans l'étendue, Revel échoue, dans la durée, incapable de terminer le récit de son année à Bleston. Mais (à l'opposé de Kafka), dans l'aventure de Revel, le sentiment de la réalité se perd souvent, étouffé dans une trame serrée de symboles, de fables et d'images.

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