Voici que dans l'idée qu'on se fait des villes de l'antiquité romaine (réseau de gravats et de ruines, sans eaux ni végétation, suite de chambres étriquées au décor rouge, noir et jaune), paraît un jardin.
Dans la maçonnerie épaisse, selon l'étroitesse des pièces closes, sous des voûtes solides, sont peints la forme la plus labile, le plus mobile, le plus aérien des jeux, le libre vol des oiseaux, dans les feuilles, avec le vent ; et, sous la brique et le stuc secs et imputrescibles, l'image des fruits mûrs.
(Musée national romain, Palazzo massimo alle Terme, fresques de la villa de Livie à Prima Porta.)
Commentaires
merci, merci ! ce que c'est beau.... (c'est une série d'illustrations pour la Création ?)
Cela me fait maintenant penser (pour l'impression de renfermement - il s'agissait, je crois, d'une sorte de jardin d'hiver) au "Paysage" des Fleurs du Mal :
"Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féériques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin (...)
(...) je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère."
(mais "je n'ai pas le temps de parler du rôle des cités antiques dans Baudelaire et de la couleur écarlate qu'elles mettent çà et là dans son oeuvre" (Proust))