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Le Désastre de Pavie, de Giono

Tout l'emplacement de l'ancien parc n'est plus aujourd'hui qu'une vaste peupleraie dans des prairies basses, très humides, quadrillées par une multiplication de rigoles et de canaux, dont certains ont plusieurs mètres de large. Les peupliers sont cultivés, alignés et soignés, certaines parcelles en portent des quinconces serrés, les arbres n'étant plus qu'à quatre mètres les uns des autres ; les chemins circulent par d'invraisemblables détours sur des levées entre des canaux, pour aller de Mirabello à San Genesio, de San Genesio à Burgarello, à Lardirago, à Sant' Alesso, à Due Porte, qui sont des villages ; à Casina Rizza, à Casina Bosco, à Casina Colombara, à Casina Santugno, à Casina Scala, à Casina Corso, à Casina Canonica, à Casina Repentita, etc., qui sont de grosses fermes. (...) C'est une admirable région de paix.

Suspendant son récit à la veille de la rencontre décisive, l’auteur arpente le champ de bataille.  Il parcourt la campagne moderne de Pavie et l’imagine, quatre siècles plus tôt, à peu près pareille. C’est alors la belle description d’un territoire mi-sauvage mi-domestique, avec rivières, mares, canaux et levées de terre ; une réserve de chasse entourée d’un mur de brique, partie couverte de peupliers, partie encombrée de fondrières. Les lieux et les saisons sont libérés pour un temps des figures historiques et de leur psychologie à ressorts, des allées et venues et des manœuvres embrouillées des deux armées qui circulent à l’aveuglette ;  ensuite la mêlée s’engagera avec pour finir, entre nuit et brouillard, un grand massacre de la bêtise caparaçonnée.

(Je me rappelle aussi dans le Bonheur fou ces passages où la contrée l’emporte sur les personnages : traversant la Lombardie, le héros se résume à sa cavalcade, le cavalier à la chevauchée ; il avance dans un paysage qui se découvre devant lui ; il est la cadence selon laquelle l’auteur ouvre le chemin ; et finit par ressembler au point imaginaire que le mouvement de la lecture trace dans la page.)

Commentaires

  • Je n'ai jamais compris, même les ayant lus tous deux, pourquoi Pierre Bayard rangeait "Le Bonheur fou" dans les "livres ratés". (D'ailleurs, son *Comment améliorer les oeuvres ratées* est, par bien des côtés et c'est le comble, un ratage.)

  • J'ai été bien surpris également de tomber sur cette opinion (sans avoir lu ce Bayard-là). N'est-ce pas (excusez sinon mon lointain souvenir) un très beau livre et le meilleur de Giono ?

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