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La chambre de Hopkins

I wake and feel the fell of dark, not day.
What hours, O what black hours we have spent
This night! what sights you, heart, saw; ways you went!
And more must, in yet longer light’s delay.

With witness I speak this. But where I say
Hours I mean years, mean life. And my lament
Is cries countless, cries like dead letters sent
To dearest him that lives alas! away.

I am gall, I am heartburn. God’s most deep decree
Bitter would have me taste: my taste was me;
Bones built in me, flesh filled, blood brimmed the curse.

Selfyeast of spirit a dull dough sours. I see
The lost are like this, and their scourge to be
As I am mine, their sweating selves; but worse.

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(Sur la foi de trois lignes lues dans un guide, on entre sans presque rien en savoir dans ces maisons, qui se visitent. Selon le prospectus, elles témoignent de la relative splendeur que la ville a connue au dix-huitième siècle. Il y a là de beaux décors de stucs mis en place par des Italiens et par les artistes locaux qui ont pris leur suite : des guirlandes, des oiseaux, les muses. Les salles ont été méticuleusement restaurées ; les transformations quelquefois importantes faites depuis leur création y ont été dans la mesure du possible renversées. Dans certains cas, un fragment de moulure, un échantillon de peinture, conservés derrière une plinthe ou une nouvelle tapisserie ont permis de reconstituer l'aspect originel.  D’autres fois de raisonnables hypothèses pallient l’absence de traces et de documents. Quand l’état le plus ancien ne pouvait plus être rendu, il a été choisi pour certaines pièces de restituer un aménagement ultérieur, du dix-neuvième.  C’est de cette époque-là que datent cette porte dérobée et les quelques marches qui font communiquer entre elles les deux maisons. On apprend alors, en changeant de bâtiment, que les lieux ont vu la création l’Université catholique d’Irlande (à qui elles appartiennent toujours), qu’elles ont servi pour l’enseignement. (Combien l’exiguïté de ces demeures privées se démarque de la grandeur publique des édifices de Trinity College !) Le guide nous fait quitter l’étage noble et monter un escalier de service, en colimaçon. Il nous montre une ancienne salle de classe : la peinture brune, les files de pupitres rangées devant une estrade ; les voilà recréées "telles que Joyce a pu les connaître". De l’autre côté du couloir, on entre dans une pauvre chambre. Le seul luxe est la grande fenêtre qui donne sur le jardin. "Il y a une photographie connue de Joyce prise, là-bas, sous cet arbre jaune." Mais c’est ici la chambre de Gerard Manley Hopkins. Elle a été rétablie, semble-t-il, avec la même exactitude que les pièces d’apparat ; la richesse de la restauration contraste avec l’indigence des matières et du mobilier : le papier peint "le plus ordinaire", la petite table, la soutane pendue au mur, le pot de chambre sous le chevet, le lit de fer.  Le guide (chétif, pâli, l’air d’en savoir plus long qu’il n’en dit) nous assure s’y être allongé ; c’est assez inconfortable.)

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