L’île est tout en longueur. Elle a la forme d’un plateau incliné qui s’abaisse en face de la grande terre. C’est là qu’on aborde. Il y a quelques milliers d’années, un fort a été construit dans le haut de l’île. Les murailles ne sont pas très différentes (un peu plus hautes, un peu plus solides) des enclos de pierre qui entourent les champs ailleurs dans le pays. Elles forment des lignes concentriques mais aucun des cercles n’est complet : la fermeture de l’enceinte est faite par le vide. Chaque mur successif embrasse le sommet de la falaise et le précipice qui surplombe la mer. La place centrale, libre et arasée, est ouverte sur l’océan comme la plate-forme d’une tour. On franchit facilement les différentes portes, on entre dans le cœur des fortifications, puis, avant de rebrousser chemin, on approche prudemment du bord pour considérer le dernier seuil (à revers) qu’aucun garde-fou ne barre.
Commentaires
(si j'osais: c'est tellement plus parlant qu'une photo, une note de blog....)
Ce Dun, c'est comme le Dunum de Verdun, ou ça n'a rien à voir ?
Z.> c'est gentil pour ceux qui mettent des photos sur leurs blogues...
guillaume> Il y a plusieurs forts sur l'ile, et j'ai plus apprécié les forts plus déserts (il y a quand même beaucoup de touristes dans le fort touristique)
> Z : c'est le même
> P[s] : on n'a pas pas pris le temps de voir autre chose sur Inishmore (si seulement on avait eu tes conseils avant notre départ !)
> Z et P[s] : j'essaie de mettre une photo dans le prochain post...
Votre note m'a remis en tête un texte de Nicolas Bouvier .
Nicolas Bouvier a séjourné en 1985 dans les îles d'Aran . Dans son " Journal d'Aran et autres lieux " (p.969 -Oeuvres , Quarto , Gallimard ,2004) , il écrit à propos de "Dun Angeus " (est-ce le lieu dont vous parlez ? j'ai trouvé aussi ailleurs "Dun Aenghus , à Inishmore " pour désigner cette forteresse de l!île) :
" Dun Angeus est un hémicycle qui s'élève en gradins autour d'une arène où la roche a été égalisée et qui est exactement bisectée par l'aplomb de la falaise .Vertigineux à pic là-dessous . Des éclats de basalte plantés obliquement dans le sol , en chevaux de frise , en défendant l'accès et ont accrédité le thèse d'un ouvrage militaire . Dun en gaélique veut en effet dire "forteresse" . Ce qui parait absurde : qui est dedans ne voit absolument rien de ce qui peut se passer dehors . Nimeurtrière ni créneaux pour surveiller les abords . Escalader en silence le mur extérieur serait un jeu d'enfant , l'autre étant de précipit dans le vide er les défenseurs surpris de dos. J'imagine plutôt un amphithéâtre pour intronisation solennelle , rituels saisonniers ou pour ces assemblées druidiques où l'on accompagnait le plongeon du soleil dans la mer d'un concert de lamentations . "
Bouvier parle aussi du film de Flaherty , "l ' homme d'Aran-(1934)" et des fameux "curragh" . À ce propos un Aranais , qui a été figurant dans le film , lui a dit : "C'est miracle que ce film se soit terminé sans mort d'homme". Car dans une séquence terrifiante de tempête on voit une femme se jeter dans les vagues énormes pour sauver son mari dont le bateau vient de chavirer sur lui et elle frôle la noyade : or ce naufrage n'était pas prévu ; il n'y a aucun truquage (dit Bouvier )
Le Journal d'Aran : 40 pages inoubliables
Pour compléter :
J'avais aussi en mémoire un article sur "Dun Aengus" : je viens de le retrouver .
Dans le catalogue "Les Celtes" , de l'exposition du Palazzo Grassi , édité en 1991 par Bompiani , page 613 : cet article ( de Barry Raftery) fait le point sur l'état actuel des connaissances sur ce fort , et le décrit en détail avec deux belles vues .
J'y lis : "L'hypothèse de E.Rynne selon laquelle Dun Aengus avait un caractère purement rituel n'a pas atteint une large audience "
"Aonghasa" est effectivement "Aengus" en gaélique