Au cinéma, Still life de Jia Zhang-ke.
Quelques ordres de grandeur :
- le personnage principal, loin de chez lui, arrive dans la ville de Fengjie en amont du barrage des Trois-gorges. Il a pour toute indication une vieille adresse ; une moto-taxi l'emmène et s'arrête au-dessus du lac de retenue, pour rien : la rue est depuis longtemps submergée (prix de la course : 3 yuans)
- l'homme veut se loger : on l'emmène chez un vieillard avec qui il négocie une chambre (loyer : moins de 1,5 yuan par jour)
- pour continuer ses recherches, il a besoin de gagner de quoi vivre. Il s'embauche comme ouvrier dans les chantiers de démolition. Sur les façades, des chiffres peints indiquent le futur niveau des eaux. En deçà les immeubles sont démolis à la masse (salaire journalier : 50 yuans). Chez lui, l'homme travaillait dans les mines : un travail bien plus dangereux mais mieux payé (200 yuans)
- on comprend que l'homme est à la recherche de sa femme. Elle l'a quitté il y a seize ans retournant dans sa famille juste après la naissance de leur fille. A l'époque, l'homme avait "fait venir" une épouse pour 3000 yuans. Il finit par la retrouver au service d'un chef de clan ; qui propose de la lui rendre en échange du réglement d'une dette de 30 000 yuans.
(Et, avec ces détails, une contrée extraordinaire : le site du barrage, lieu du passé englouti et des métamorphoses ; où se rejoignent mythes de la Chine d'hier (les grands projets maoïstes) et la frénésie économique contemporaine).