L'exposition commence par un socle vide : le sculpteur y a mis sa signature et c'est peut-être là le seul témoignage de sa main que tout le monde s'accorde à reconnaître. Elle se termine par un satyre de bronze, trouvé dans une épave au large de la Sicile : corps arqué, tête rejetée en arrière, yeux blancs de l'extase. Entre les deux termes du parcours sont rassemblées des statues hypothétiquement imitées ou inspirées des originaux. Elles me rappellent (faute d'attention sans doute) l'ennui que peuvent instiller les collections d'antiquités classiques quand l'exaltation du nom ou l'étrangeté manquent : sans vie et sans grâce, peuple monotone de marbre encombré de copies, pastiches et rafistolages produit inlassablement par les ateliers pour le décor des palais, des jardins et des stades.
Commentaires
Oh !
j'ai retrouvé la citation que je cherchais (ce qui précède a été écrit en chemin) dans Autour des sept collines, de Gracq :
"Le savant et scrupuleux Ferdinand Lot, auteur, il y a un demi-siècle, d'une Fin du monde antique qui a compté dans mes lectures, marmonne au coin d'une page de son livre - sotto voce, pour ne pas trop choquer ses collègues de l'Institut - un jugement sur l'art antique qui est comme le soupir d'ennui discret de toute une vie : "monotonie lassante". O combien ! Ô Forums à l'instar, de Pompéi ou d'Ostie, théâtres en demi-lune, frontons en triangle, colonnades écorcées, boutiquettes de briques, sempiternelles Vénsu ombrageant du même geste vos toisons pubiennes, mosaïques à dauphins des thermes, culs-de-four des basiliques, et vous, légions de statues (etc.)"
Tiens , dans le chapitre VII , "Praxitèle" de son livre "La sculpture grecque antique" (1945), J.Charbonneaux relie sculpture et musique :
"Du "satyre verseur" à l' "Apollon Sauractone" , on voit se préciser les vertus propres du type praxitélien .(...)La forme humaine est traitée comme un thème musical (...) La transformation de l'idéal viril , qui se rend manifeste dans l'Apollon Sauroctone , fait penser à l'évolution de la musique grecque à la fin du Ve et au début du IVe siècle : le chant augmente alors l'ampleur de ses modulations , la cithare passe de 7 à 12 cordes , et la mélodie "élément femelle" aux dires des Grecs l'emporte sur le rythme "élément mâle"