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Vanités

Henri quitte la ville de son enfance pour mener à terme son apprentissage dans une capitale étrangère et commencer peut-être là-bas une carrière de peintre. Au fond de sa malle, il emporte un crâne - sujet d'étude récolté dans un cimetière. Mais à la douane, dans la précipitation de la fouille, la tête se retrouve expulsée du bagage défait et refait. Il se voit donc obligé de continuer sa route, l'objet à la main dans un foulard, jusqu'à ce qu'arrivé à la grande ville, il puisse déposer enfin, dans la chambre d'une auberge, manteau et tête de mort.

(Cette mésaventure est légère comparée à l'histoire de la petite Mérette contée au début du roman : il y a bien des années une fillette fut envoyée par ses parents chez un pasteur à la campagne, réputé pour la rigueur de sa foi. L'enfant refusait de faire ses prières ; le pasteur devait la guérir de ses mauvais penchants. Il s'y emploie par de nombreuses brimades et corrections. A un certain moment de l'horrible dressage, la mère de l'enfant envoie un peintre faire un portrait de la petite assorti de certaines conditions. Le pasteur raconte dans son journal :

Quand (pour le tableau) on a été chercher pour la petite son habit mis de côté et son costume des dimanches et qu'on l'en a revêtue, avec sa parure de tête et sa petite ceinture, elle a montré un grand plaisir et s'est mise à danser. Mais cette joie devint bientôt amère quand, sur les instructions de Madame, sa maman, je fis chercher le crâne et le lui donnai à porter dans sa main, lequel elle ne voulut partout point prendre et ensuite, pour la peinture, l'a tenu dans sa main, en pleurant et en tremblant, comme si c'était un fer rouge.)

(Keller - Henri le Vert, trad. La Flize)

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