Il me fallut en effet attendre à plus tard pour découvrir nettement que la jouissance oisive et solitaire de la puissante nature amollit et consume l'âme sans la rassasier, tandis que nous trouvons dans sa force et dans sa beauté un appui et un aliment, si notre propre personne, rien que par les dehors, représente une valeur et une signification en face d'elle. Même alors, il arrive souvent qu'elle nous domine encore trop par son immobilité. Là où aucune eau ne bruit, où aucun nuage ne bouge, on fait volontiers du feu pour l'exciter au mouvement et la voir un tant soit peu respirer.
(Keller - Henri le Vert, trad. La Flize)