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Autre oiseau

Mais quelques-uns, en songeant que la richesse aurait pu venir à eux, se sentaient prêts à défaillir ; car ils l'auraient mise aux pieds d'une femme dont ils avaient été dédaignés jusqu'ici, et qui auraient enfin livré le secret de son baiser et la douceur de son corps. Ils se voyaient avec elle, à la campagne jusqu'à la fin de leurs jours, dans une maison tout en bois blanc, sur le bord d'un grand fleuve. Ils auraient connu le cri du pétrel, la venue des brouillards, l'oscillation des navires, le développement des nuées, et seraient restés des heures avec son corps sur leurs genoux, à regarder la marée et s'entrechoquer les amarres, de leur terrasse, dans un fauteuil d'osier, sous une tente rayée de bleu, entre des boules de métal.

(Une image en appelle une autre. Le pétrel remplace la chouette. La monotonie d'un cri se confond avec l'oscillation des marées. La vie brève et ratée s'éternise dans la brume, s'accomplit dans le rêve et la vision. Nous sommes toujours chez Proust, mais ici avec Flaubert - dans l'Affaire Lemoine).

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