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Sourcils

La mort est aussi terrible, qu'elle frappe un petit ou un grand homme. La veille encore le procureur allait et venait, remuait, jouait au whist, signait des papiers et se distinguait de tous par l'épaisseur des sourcils et le clignotement de son œil. Maintenant il était étendu sans vie, son œil gauche immobile, ses sourcils remontant très haut et paraissant interroger... Que demandait le mort : pourquoi avait-il vécu, pourquoi était-il mort ? Dieu seul le savait.
(...)
Pavel Ivanovitch (...) poussa un soupir et se dit : « Voilà ! Il a vécu le procureur... il a vécu... vécu... et il est mort ! Les journaux annonceront cette mort douloureuse pour ses subordonnés et pour l'humanité entière, diront qu'il fut un citoyen respectable, un excellent père de famille, un mari modèle... ils broderont beaucoup, ajouteront que les pleurs des veuves et des orphelins l'ont accompagné à sa dernière demeure... Et si les hommes s'en tenaient uniquement à la vérité, le procureur... le procureur ne se distinguerait que par ses sourcils épais !...»

(Gogol - les Ames mortes, trad. Marc Séménoff)

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