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le 20 janvier

Le 20 janvier Lenz marchait dans la montagne. Sommets et hautes pentes sous la neige, dévalant les combes, pierraille grise, pentes verdoyantes, rochers et sapins.

Il faisait un froid humide ; l'eau ruisselait des rochers et bondissait sur le chemin. Les branches des sapins pendaient lourdement dans l'air mouillé. Des nuages gris filaient dans le ciel, mais tout si opaque - et le brouillard d'en bas s'épanchant en vapeurs lourdes et humides à travers les frondaisons, si paresseux, si pesant.

Il avançait, indifférent, sans se soucier du chemin, tantôt en montée, tantôt en descente. Il n'éprouvait aucune fatigue, la seule chose qu'il trouvait désagréable par moments, c'était de ne pouvoir marcher sur la tête.

Au début, il sentait une pression dans la poitrine lorsque les pierres se mettaient à rouler, lorsque la forêt grise se secouait au-dessous de lui et que le brouillard engloutissait les formes, puis lorsqu'il dévoilait à moitié des membres puissants ; il sentait une pression en lui, il cherchait quelque chose, comme des rêves perdus, mais il ne trouvait rien. Tout lui paraissait si petit, si proche, si mouillé ; il aurait voulu poser la terre derrière le poêle. Il ne comprenait pas pourquoi il lui fallait si longtemps pour descendre un versant, rejoindre un point éloigné ; il se disait qu'il aurait dû pouvoir mesurer toutes choses en quelques enjambées. (...)

(Büchner - Lenz, trad. B. Kreiss)

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