Au cinéma, la Grande Combine de Billy Wilder.
Un caméraman (Harry Hinkle) est renversé accidentellement par un joueur lors d'un match de football américain. Son beau-frère, un avocat véreux (Gingrich, joué par l'impayable Walter Matthau) le convainc de simuler la paralysie pour empocher un dédommagement substantiel (et, argument décisif, par ce moyen faire revenir son ex-femme).
Trois choses :
- le mauvais esprit de Wilder : le footballeur fautif, torturé par le remords, se met au service de sa supposée victime (il déprime et manque abandonner le sport). Ce personnage qui incarne la naïveté et la générosité est noir : face à son dévouement les autres ont vite fait de le traiter « naturellement » en bonne à tout faire ou en chauffeur (mais ce n'est que lorsque le discours deviendra franchement raciste que Harry Hinkle réagira et défendra son ami)
- une leçon sur la vérité et le mensonge au cinéma : Harry Hinkle revient dans son appartement avec son ex-femme ; il est filmé et écouté (d'abord à son insu) par des détectives à la solde de la compagnie d'assurance. Leur caméra enregistre fidèlement la mise en scène des deux simulateurs : lui en paralytique, elle en femme amoureuse. Mais, à la fin, le même dispositif servira pour déjouer la mystification : Harry Hinkle joue la vérité devant l'objectif, se levant de sa chaise et démontrant par ses acrobaties son absence d'handicap (quitte à faire une deuxième prise si la première n'est pas satisfaisante)
- la comédie des objets : il y a les gadgets qui déferlent sur l'Amérique des années 60 (fauteuil roulant électrique, skate-board, effroyable machine pour transformer une baignoire en jacuzzi) ; il y a également les accessoires « attributs » des personnages (et d'où naît le gag) : le corset dont Harry s'affuble ou se débarrasse en fonction de la plus ou moins grande emprise que son beau-frère a sur lui ; la bougie brandie par Harry devant son ex-femme qui se déshabille ; l'urinal que Gingrich tend à son beau-frère lui promettant « la fortune sur un plateau d'argent »