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Ravel, Debussy, Stravinsky

Au Châtelet.

Zvezdoliki a déjà tout dit. Je me contente de rajouter quelques citations qui valent pour elles-mêmes.

Passons sur Ma mère l'oye de Ravel, « que je découvre », et que j'oublie avec les Nocturnes de Debussy :
- Nuages (les nuages qui passent ... là-bas... là-bas ... les merveilleux nuages ! comme dit Baudelaire). Processions de mouvantes architectures dans les hauts ciels lumineux de l'Île de France (si Debussy voulait d'autres images, il fallait donner un titre moins évocateur). Mais d'un coup, qu'il fait sombre ! on se croirait dans les souterrains du Château d'Allemonde, avec l'odeur de mort qui monte.
- Fêtes. Musique circulaire traversée par une marche. Quel cortège ! D'un bloc, massif, sonore, irrépressible.
- Sirènes : celui que j'ai préféré des trois, ce soir. Mise en scène : Geneviève et Mélisande se sont promenées dans les jardins au-dessus de la mer. Leur regard a suivi le départ du navire qui fera peut-être naufrage. Maintenant le rivage a disparu. Le bateau est invisible (ce qui fait peur). Personne, aucun Ulysse dans ce paysage abstrait. Les voix des sirènes n'ont rien d'humain (elles font partie des éléments, des instruments de l'orchestre). Les motifs prolifèrent, comme de pures vagues sans profondeur (je songe à l'océan métaphorique d'Un coup de dés). Détails multipliés à travers l'étendue, effacés par une bourrasque, ressurgis, naissent du vent, sont le vent (pas de ciel, pas de mer).

Mais le meilleur est encore à venir avec la seconde partie : l'Oiseau de feu, de Stravinsky. Je ne connais pas l'argument du ballet ; les épisodes se succèdent et j'invente : quel volatile ! quelquefois toute une basse cour, ébouriffée, crachant des plumes ou des étincelles aux quatre coins de l'orchestre. D'autres fois il pépie ou plane mélodieusement dans la paisible aurore d'une rustique Russie (est-ce un chant d'église qu'on entend ?). Il balaie tout ça brutalement d'un coup d'aile oblique et entreprend une course-poursuite avec lui-même. Se repose, se cache dans une caverne pleine d'ombres, se métamorphose en dragon. Pour finir, ressort, satisfait, et se laisse admirer ; se gonfle, déploie les unes après les autres ses rémiges ; il fait la roue ou bien c'est le soleil :
                        Dis si je ne suis pas joyeux
                        Tonnerre et rubis au moyeux
                        De voir en l'air que ce feu troue

                        Avec des royaumes épars
                        Comme mourir pourpre la roue
                        Du seul vespéral de mes chars.

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