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L'Or du Rhin

Onze ans (et quelques mois) après, retour au Châtelet pour le Prologue de l'Anneau du Nibelung. Je ne me hasarderai pas à gloser sur la signification profonde de ce cycle temporel (manifestement funeste).

Quelques remarques (avant que ça se confonde avec la Walkyrie demain) :

- première merveille : la beauté de l'orchestre. Dès l'évocation initiale des flots du Rhin, il y a la richesse des timbres, la fusion progressive des lignes répétées et superposées, les thèmes qui semblent sourdre des profondeurs (le genre de chose qu'on n'entend pas aussi bien au disque confirme Zvezdo)

- des passages longuets (la scène de ménage Fricka/Wotan, dieux discrédités dès leur première apparition) mais d'autres qui donnent envie de revenir (le Rhin, le récit de Loge, la fatigue des Dieux, les forges des Nibelungen, les transformations d'Alberich, la malédiction de l'anneau ...)

- le mode récapitulatif : quand Wagner a mis en scène une action il oublie rarement d'en faire le récit un peu plus tard. Par exemple à la scène 3, premier épisode, Mime se fait battre comme plâtre par Alberich devenu invisible, deuxième épisode, Mime détaille sa mésaventure à Wotan et Loge. Dès la scène 2, Loge décrit les événements qui se sont déroulés à la scène 1. Mais en l'occurence c'est un des plus beaux passages de l'opéra grâce à l'enchaînement des letimotive : ils font passer dans le récit les étincelles du dieu du Feu qui parcourt le monde, puis les miroitements des eaux du Rhin, puis l'éclat de l'or qui allume la convoitise des dieux et des géants

- le mode prophétique : pendant du précédent. La renonciation d'Alberich, la malédiction de l'anneau, la prophétie d'Erda. Le passé se récapitule, l'avenir s'annonce. (Tout cela serait lettre morte sans la musique qui projette dans le présent toute la richesse rétrospective des opéras à venir : par exemple le thème du Crépuscule des Dieux dans la scène d'Erda).

- le motif du Tarnhelm : le plus impressionnant des thèmes de l'Anneau du Nibelung ? associé au casque magique, celui qui permet les métamorphoses. Il domine la scène des transformations d'Alberich. Une musique sinistre et incertaine comme un souffle des profondeurs, un déferlement de brumes.

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