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Orfeo

En excellente et parisienne compagnie, à la Cité de la Musique, pour l'Orfeo de Monteverdi.

(Si j'osais, j'écrirais ici, selon Mallarmé, que la fanfare presque quatre fois centenaire des Gonzague, c'était manière :
                 (...) d'épandre pour baume antique le temps
                  Sur la soudaineté de notre amitié neuve.
Mais pour ne pas déroger à la ligne éditoriale de ce carnet, je referme aussitôt la parenthèse).

Dans l'Orfeo, c'est l'arrivée de la messagère qui me donne l'impression d'être le symbole de l'invention d'un genre nouveau, où se rencontrent la déclamation et le chant. Le monde clos de célébration et de danses de la pastorale initiale est brutalement brisé par l'annonce de la mort d'Eurydice, par le contraste d'une parole fatidique. Le plus grand effet est produit alors par la voix presque nue (comme dans le quatrième acte les derniers mots d'Eurydice, une seconde fois perdue, qu'on n'entendait malheureusement pas très bien ce soir-là :
             Ahi vista troppo dolce e troppo amara)

Le chant d'Orphée était très impressionnant, dans ses deux modalités : les vocalises du troisième acte où le héros endort Charon, avec leurs ornements instrumentaux ; le récitatif du cinquième acte, dans les champs de Thrace, sous un soleil désert, où seul l'écho vient ponctuer la parole désolée d'Orphée.

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