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Le dernier Contarin

Dans la Lettre du dernier Contarin, de Hofmannsthal, l'héritier de l'illustre famille vénitienne rejette violemment l'offre que lui font quelques bienfaiteurs : abandonner un emploi subalterne à la poste italienne et revenir habiter un des palais du Grand Canal qui porte son nom. Sa vie, c'est le refus de l'aumône et tant pis si cela l'oblige à se passer de la compagnie des hommes.

La nouvelle est inachevée : ensuite un choix de notes et variantes dans une typographie différente (l'éditeur ne donne pas davantage d'information) ; d'autres paroles du dernier Contarin, mais le ton n'est plus le même, le propos change de dimension. L'effet est troublant (comme dans l'extrait cité du Chasseur Gracchus de Kafka, remonté par Brod) : on ne sait plus qui parle.

La possession du particulier sied à des âmes infiniment plus fraîches, plus naïves ; ce qui nous convient à nous, c'est la possession virtuelle du tout (...)

Chaque objet que nous possédons ne fait en réalité qu'en évoquer et en remplacer un autre plus beau : chaque perle, chaque étoffe, chaque ruine antique et chaque maison est seulement un balcon d'où nos désir contemplent l'infini (...)

Palais - domesticité - robes à traîne - dalles de marbre : tout cela crois-m'en, mes ancêtres, tout autant qu'autour d'eux, le possédaient en eux. Leur sang renfermait l'éclat métallique de ces choses, comme cette eau ces reflets d'argent, d'airain et de porphyre. Mon palais à moi, c'est mon destin. Le profond « Tu es à moi » que je dis à la lueur de la bougie qui éclaire ma feuille pendant que j'écris.

(trad M. Michel)

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