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L'art du sous-entendu

Dans la Saga des Sturlungar, avant la bataille d'Örlygsstadir (21 Août 1238), le récit ralentit pour détailler le rassemblement et l'itinéraire des armées. Alors, de façon exceptionnelle dans un texte si peu bavard, une longue série de prémonitions, rêves et visions accompagnées de poèmes déclamés, annoncent de façon plus ou moins voilée le sort des adversaires : la victoire de Gizurr, la défaite et la mort de Sturla et des siens.

La nuit qui précède l'affrontement, les rêves visitent les deux chefs. Gizurr raconte le sien, favorable, et conclut sans vouloir se prononcer sur la valeur à accorder à l'augure : « Mieux vaut rêver que pas ».

Cependant, chez l'adversaire :

Sturla se réveilla alors que le soleil était levé depuis peu. Il s'assit, le visage tout en sueur.
Il se passa la main sur la joue en disant : « les rêves n'ont aucun sens ».
  (trad R Boyer)

On n'en saura pas plus : au lecteur d'imaginer les rêves de Sturla.

(Dans les sagas islandaises, en général, le destin du héros peut se résumer à : il va mourir et il le sait ; et son idéal : faire malgré tout bonne figure. Il sait qu'il va mourir peut-être grâce à un rêve prémonitoire mais surtout parce que l'issue du combat est rarement douteuse. Dans ce monde, la notion d'un affrontement loyal et équilibré n'a pas de valeur. Qu'un homme seul soit attaqué par cinq adversaires, qu'il soit pris au piège et brûlé vif dans sa ferme sans pouvoir se défendre, cela ne nuit pas à la réputation des assaillants.)

(Le rêve, le combat inégal, l'idéal héroïque : je suis à nouveau ramené au Sud de Borges.)

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