Au cinéma, revu Gertrud, de Dreyer.
L'ancien amant allume deux bougies de part et d'autre du miroir (qu'autrefois il a offert à Gertrud), pour une invocation – oh voir le passé s'y inscrire – mais le passé est mort puisqu'il l'a trahie ; la robe noire qu'elle a revêtue, c'est manière de deuil : elle est venue éteindre les flammes.
Dans la haute pièce vide, Gertrud est dévorée par les chiens (chiens tissés du rêve). A côté on joue la musique d'Erland – le nocturne où elle s'abandonne – maintenant avec ces paroles où il la renie. Un panneau s'ouvre ; on avance un piano comme un échafaud qu'on dresse. Il est là pour qu'elle chante cette chanson absurde de Schumann. Sa voix manque : elle s'effondre.
Mais le regard de Gertrud ne se perd pas dans le vide, il reste fixé en elle-même sur cette lumière qu'elle fait triompher seule – et dans le combat horrible, ses yeux ne cillent pas