Au cinéma, Une Question de vie ou de mort, de Michael Powell.
Ce film est une merveille. Par exemple, la scène dans la grande maison qui sert de casernement à l'armée américaine. Des soldats montent le Songe d'une nuit d'été d'un certain "Shakespere". On suit un bref moment la répétition de la répétition de la pièce dans la pièce : The most lamentable comedy and most cruel death of Pyrasmus and Thisbe (délices de la confusion entre le monde joué et le monde du jeu). Maintenant les trois héros du film : le couple d'amoureux, la femme radio et l'aviateur tombé du ciel, suspendu entre la vie et la mort ; avec le médecin qui le sauvera. La répétition se poursuit à l'arrière-plan pendant que le médecin examine son patient. Il lui demande de fixer une comédienne au fond (qui est une fée juchée sur une table) et de décrire ce qu'il voit de côté à la limite de son champ de vision : à droite un feu et à gauche, dans notre direction, un rideau rouge.
C'est trop beau. Je ne tiens plus en place dans mon siège. Je comprends tout. Je ne sais pas encore l'expliquer mais j'ai l'impression d'avoir tout compris. C'est exactement le chef d’œuvre de Velázquez, au Prado, l'un des plus beaux tableaux du monde : Les Fileuses.
Plus loin, dans l'autre monde, l'avocat général rappelle à son adversaire et à l'immense assemblée (I had not thought that death had undone so many) : n'oubliez pas que nous sommes tous morts ici. Je me dis : les acteurs qui jouèrent cette scène sont pareillement morts, peut-être. Je suis vivant, provisoirement. Mais l’œil ne meurt pas ni la fable.