Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mahler

Vendredi soir, au Théâtre des Champs-Elysées. La Neuvième Symphonie de Mahler.

Je repense à la note de parcours de Bladsurb. A moi. J'ai commencé comme beaucoup j'imagine de ma génération qui ne sont pas musiciens par Mahler. Oui je n'étais pas le seul et je me revois entrant dans une salle de classe vide au Lycée en 1990 ou 1991 pour lire, tracé en grandes lettres curvilignes par une main anonyme à travers tout le tableau noir, le nom de Kathleen Ferrier. Elle était pour nous, faut-il le préciser, la voix du Chant de la Terre, c'est-à-dire sa dernière et principale partie : l'Adieu. J'ai donc commencé par l'adieu.

Ou, s'il faut tout dire, par les quinze premières minutes de ce mouvement et ceux qui le précèdent. Car le repiquage avait été fait sur une face seulement de ce support d'enregistrement du siècle dernier : la cassette magnétique de quatre-vingt dix minutes. L'oeuvre dure une heure ; il en manquait le quart d'heure final (we were young et were ignorant). A quelque chose malheur est bon (pardon pour le calembour), j'ai eu successivement, à quelques mois d'intervalle, le paysage crépusculaire des premières mesures puis (quand la bévue fut corrigée) sa reprise, plongée dans la nuit, agrandie dirait-on par les ténèbres.

Après le Chant de la Terre, il y eut la Neuvième Symphonie. Surtout, à l'époque, le dernier mouvement, qui finit comme l'Adieu, sans finir, "dans la lumière au loin infinie". Il y a deux motifs dans cette musique : l'un horizontal, l'écoulement de toute la masse énorme du temps ou l'invasion du souvenir ; le second vertical, le temps suspendu ou le silence à présent.

Les commentaires sont fermés.